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16 octobre 2013 3 16 /10 /octobre /2013 15:43
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Dans le cadre d'une « review » je ne pouvais pas oublier Pleasantville, sorti en 1998 sur nos écrans. Pourquoi ? Parce que ce film est un petit bijou qui mérite d’être reconnu pour son très bon travail esthétique et son scénario bourré de références culturelles, historiques et symboliques. Pour vous mettre un peu l’eau à la bouche, un petit trailer :
 
 
 
L’idée du scénario est simple comme bonjour : on a tous souhaité de se retrouver dans notre série ou film favori (personnellement j’aurais adoré me retrouver dans Friends, rien que pour les vannes de Chandler Bing et boire un bon café dans le canapé du Central Perk). Juste pour nous évader de notre morne réalité. Et les 15 premières minutes du film nous présentent un excellent tableau en quelques scènes seulement. David est un lycéen de la fin des années 1990, un peu geek sur les bords, une famille divisée, a peu de succès auprès des filles et « subit » la réalité de la société contemporaine : SIDA, chômage, catastrophes naturelles… des sujets d’actualités (qui ne nous sont pas étrangers, n’est-ce pas) pas très jojo, alors tu m’étonnes qu’après les cours notre protagoniste se précipite vers le petit écran pour suivre sa sitcom 50’s favorite.
 
Pleasantville reflète une société bien lointaine: le rêve américain par excellence. Tout est beau et propre, chaque personnage a sa place, les étudiants travaillent studieusement à l’école, les femmes font la cuisine et le ménage (sic), et les hommes vont travailler. La fin de journée ressemble à un tableau idyllique, comique tant le cliché est grand : le chef de la maison qui rentre du travail en lançant un joyeux « honey, I’m home ! »,l’épouse attentionnée qui lui apporte son verre de whisky pour lui demander comment s’est passé sa journée, les merveilleux chérubins que sont les enfants qui annoncent fièrement leur premier prix en sciences ou leur A+ (la meilleure note de la classe, bien sûr)… Tout est merveilleux, rien ne semble entacher leur petite vie quotidienne bien tranquille. Oui, on est à dix mille lieux de l’univers de David, enfant de parents divorcés et… frère jumeau de Jenifer, la parfaite adolescente superficielle, chipie et en manque de popularité. L’antithèse de David par excellence.
 
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Un peu de gâteau au riz soufflé ? Ils sont délicieux !

 

Puis un incident se produit. La télécommande de la télévision est cassée, un mystérieux réparateur leur en fournit une autre, et voilà nos personnages principaux accidentellement projetés pour de bon dans Pleasantvillepour un temps indéterminé ! Et le tout en noir et blanc s’il vous plait ! Si David, qui maitrise le sujet sur le bout des doigts, tente de respecter chaque petit détail de la série (non sans mal), Jenifer semble elle, nager en plein cauchemar, et n’hésitera pas à bouleverser cet univers trop lisse.

 

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  Tobey Maguire et Reese Witherspoon ont fait un bond de 50 ans en arrière…
Car oui, Pleasantville est parfait… TROP parfait. Aucune surprise, aucune violence, pas de feu, aucune atteinte aux mœurs, pas de sexe, et puisque tout est plaisant, pourquoi vouloir changer les choses ? Par conséquent, les habitants manquent de réflexion, et ne prennent aucune mesure d’anticipation (trop flippant). Ce monde est comme coincé dans une boucle spatio-temporelle. Rien n’existe en dehors de Pleasantville – la leçon de géographie est pour le moins… surprenante ! Mais nos deux héros viennent d’une réalité tellement différente. Effrayante, connectée, bruyante, mais aussi colorée, avide de savoirs et d’innovations, et si riche en subtilité… Ce sont ces richesses qui manquent à Pleasantville, et c’est ce que nos deux adolescents vont leur apporter. Comme un virus qui se propage doucement mais sûrement, la couleur, le sexe, la pluie, les natures profondes des habitants vont se révéler peu à peu. Et c’en est presque dérangeant. Mais ô combien jubilatoire pour nous les spectateurs ! C’est un festival de couleurs qui se révèle à nos yeux, et qui fait disparaître le « tout noir/ tout blanc » de Pleasantville.
 

 

 

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Et c’est là que ça devient intéressant. Les « conservateurs » refusent ce changement si soudain et si peu plaisant… jusqu’à en prendre des mesures radicales. Les couleurs sont interdites, les musiques « non plaisantes » le sont également, les livres de la bibliothèque récemment ouverte brûlés, la peinture interdite, et les gens colorés interdits également dans la plupart des espaces publics… Tiens donc, apartheid, racisme, autodafé, censure, cela ne vous rappelle rien ?... Rien n’est laissé au hasard, puisque deux livres montrés dans le film - Les Aventures de Huckleberry Finnet L'Attrape-cœurs(Catcher in the Rye en VO) – font partie de ceux les plus souvent bannis aux États-Unis.

 

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  Le cadeau idéal à Pleasantville : offrir un parapluie à sa copine.

 

Sur la base d’une histoire fantaisiste, à mi chemin entre science-fiction et conte de fée, le film est loin d’être aussi simpliste et léger que l’on ne peut s’imaginer. C’est une véritable réflexion sur notre société actuelle ! Tout n’est pas tout noir ou tout blanc : si les mauvaises nouvelles abondent et nous inondent de toute part, dans une société où le sur-média nous noie, le film donne une très jolie façon de voir les choses, et c’est à nous de construire notre monde. Il nous faut sortir de notre grotte et de tout ce que l’on connaît, et oser, aller plus loin, découvrir, avancer, faire des erreurs, créer, anticiper, comprendre.

Pleasantvilleest un film prodigieux pour ses prouesses techniques – pour anecdote, il détint brièvement le record du plus grand nombre de plans à effets spéciaux jusqu'à la sortie de Star Wars : épisode I - La Menace fantômeen 1999 – sa BO remarquable, et ses acteurs tous aussi bons les uns que les autres. Tobey Maguire n’était pas encore le fameux Spiderman et Reese Witherspoon allait connaître le succès de Sexe intentions l’année suivante, notons tout de même les présences de William H. Macy, Joan Allen et Jeff Daniels !

 

dessin clem

 

Dommage que le film n’ai obtenu aucun Oscar, si ce n’est des nominations (dans les catégories meilleurs décors, meilleurs costumes et meilleure musique dramatique). Bref, une reconnaissance plutôt faible, notamment de la part du public. Pourtant, Pleasantvillea fort peu vieilli en 15 ans, et mérite toute notre attention. Chapeau bas, Gary Ross.

 

 

 

Dessins et texte de Clémentine Samara

 

 

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commentaires

C
J'adore ce film ! Je trouve en effet que la manière dont il déconstruit l'utopie qu'est censée être Pleasantville pour en montrer la part de totalitarisme est brillante et bien plus subtile qu'on ne pourrai t le penser de prime abord. C'est un film qui fait réfléchir sur la société, autant passée qu'actuelle et qui a un côté mordant qui n'est pas pour me déplaire. Après, la fin est un peu conventionnelle (vive le rêve américain, malgré tout !), mais cela ne gâche pas le plaisir. A ce sujet, il y a cet excellent article (http://ouvre-les-yeux.fr/pleasantville-du-reve-americain-au-totalitarisme/) qui analyse très bien le fond du film, si cela t'intéresse...
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