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10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 06:45

A l'instar de la fantasy, la SF fut longtemps méprisée pour son infantilisme. Fort heureusement, les temps changent ! D'autres générations de cinéphiles l'observent avec l'intérêt qu'il se doit. La Science-Fiction est un genre littéraire et cinématographique riche et subtil, abordant des probabilités et des hypothèses sur ce que pourrait être notre futur. Véritable champ d'études sur l'humanité, on y étudie ses excès et ses limites. Pour explorer ces probabilités, elle va user de différents environnements : anticipation, steampunk, cyberpunk, space opera, post-apocalyptique, hard science-fiction.

Elle n'est pas seulement présente pour plaire à la communauté geek. Non... certaine œuvres sont de véritables pamphlets, délivrant une image critique ou caustique de notre société contemporaine. Un outil efficace pour prospecter l'âme humaine. Et le genre a su offrir au septième art des œuvres considérables. Lorsqu'on mentionne le terme SF, tout le monde parle alors de 2001 : l'Odyssée de l'espace, Solaris, Star Wars, Blade Runner et j'en passe. C'est normal, ce sont les pierres angulaires du genre. Mais on mentionne peu l'existence de quelques bijoux cinématographiques. Aujourd'hui, le Kamikaze vous livre une liste de quelques films sous-estimés ou méconnus qui mériteraient de figurer dans le panthéon de la SF.

Enemy (Enemy Mine, Wolfgang Petersen, 1985)

Synopsis :

Au XXIe siècle, au cours d'une guerre intersidérale entre les Humains et un peuple d’extra-terrestres reptiliens, les « Dracs », un pilote de chasse terrien, Davidge, et un Drac, Jeriba « Jerry » Shigan, détruisent leurs vaisseaux respectifs et atterrissent à la surface d’une planète hostile. Forcés de s’entre-aider pour survivre, ils deviennent amis et échangent mutuellement leurs cultures.

Commençons cette liste avec légèreté ! Avec un bon vieux divertissement comme on en faisait dans les années 1980 ! Et si les divertissements d'antan marquent autant les esprits, c'est justement pour leur subtilité et leur sens du bien-faire. Loin des blockbusters boursouflés et vides, foutant la tête du spectateur dans une mare d'effets spéciaux, Enemy Mine tient une place particulière dans le genre du space-opera. Le récit débute avec un habituel combat spatial entre un « gentil » humain et un « méchant » alien, et là... on pourrait se dire qu'on va avoir droit à un sempiternel duel manichéen. Mais non ! Les deux vaisseaux s'écrasent, et là on passe à tout autre chose. A l'instar d'un Duel dans le Pacifique, les deux personnages vont s'affronter, avant d'apprendre à cohabiter pour pouvoir survivre face à une nature hostile. On a certes le droit à l'habituel message de paix : « la guerre, c'est pas beau. Pourquoi ne nous aimons pas, les uns les autres ». Mais ici, Wolfang Petersen fait tout en finesse, n 'hésitant pas à fonder les bases de son film sur la relation entre les deux individus et cassant certains codes du genre, notamment en posant entre eux la barrière du langage, car par rapport à la plupart des autres films hollywoodiens, l'alien ne parle pas anglais ! Bah oui... Comment une peuplade extra-terrestre, sans grande connaissance de la Terre, saurait manier aussi bien la langue de Shakespeare ?

La différence des cultures est fait avec humour, tendresse et émotion. Et juste pour la courte séquence où Davidge fait croire à Jeriba que Mickey Mouse est un dieu Terrien, le film vaut le coup d'œil.

Moon (Duncan Jones, 2009)

Synopsis :

Sam Bell vit depuis plus de trois ans dans une station lunaire de l'entreprise Lunar, où il gère l'extraction de l'hélium 3, seule solution à la crise de l'énergie sur Terre. Souffrant en silence de son isolement et de la distance le séparant de sa famille, il passe sont temps à imaginer leurs retrouvailles. Mais quelques semaines avant la fin de son contrat, Sam se met à voir et à entendre des choses étranges... D'abord convaincu que son isolement y est pour quelque chose, il se retrouve malgré tout à enquêter et découvre que si ses patrons ont prévu de le remplacer, ils n'ont jamais projeter de le ramener.

Dans la routine des films SF actuels, un petit film a su susciter ma curiosité : Moon. Depuis quelques années, il existe un thème qui ressort énormément dans le genre : la solitude. Gravity est celui qui vient immédiatement à l'esprit, mais Moon ne devrait pas être en reste.

Sam Rockwell est le seul acteur présent à l'écran. Alternant les scènes de la vie quotidienne au sein de la station lunaire, son personnage est partagé entre la nostalgie de la vie terrestre, la folie douce ou sévère, le doute, l'affection, le désarroi, et il est tout simplement bluffant dans la composition de son personnage. L'ennui ne pointe jamais le bout de son nez. Arrive ensuite la confrontation avec son clone, qui se produit avec une approche profondément humaniste. Les deux Sam Bell se découvrent et pensent que leur "autre" est une hallucination. On nous met dans le doute : existe-t-il un Sam Bell réel ? Sont-ils tous des clones ? La société est-elle derrière cette manipulation crapuleuse ?

L'émotion arrive quand ils découvrent que leurs souvenirs sont factuels. Désorientés, les clones cherchent un but à leur vie. Peuvent-ils encore rêver de leur famille sur Terre ? Sur quoi peuvent-ils encore se rattacher ?

Moon, conte d'un homme solitaire, montre que l'autre est la préoccupation principale de l'humain.

Il n'est pas seulement un film bâti sur le jeu de Sam Rockwell, mais aussi sur un environnement minimaliste et efficace : des décors géométriques à la musique envoûtante de Clint Mansell.

Bienvenue à Gattaca (Gattaca, Andrew Niccol, 1997)

Synopsis :

Dans un monde parfait, Gattaca est un centre d'études et de recherches spatiales pour des jeunes personnes au patrimoine génétique impeccable. Jérôme, candidat idéal, voit sa vie détruite par un accident tandis que Vincent, enfant naturel, rêve de partir pour l'espace. Chacun des deux va permettre à l'autre d'obtenir ce qu'il souhaite en déjouant les lois de Gattaca.

A mi-chemin entre l'anticipation et le biopunk, Bienvenue à Gattaca est le film à ne pas rater.

A travers une société, qui n'est pas sans rappeler celle du roman d'Aldous Huxley, Un Monde Meilleur, Andrew Niccol axe sa réflexion sur la discrimination sociale et génétique. Les parents peuvent déterminer le sexe, les capacités intellectuelles et physiques de l'enfant et on s'interroge sur la place de l'éthique et de la nature dans un monde où l'enfant devient « un produit prédéfini ». Le film est une œuvre intelligente sur l'eugénisme et ses limites, se préférant du côté de l'humain et de ses imperfections.

The Man from Earth (Jerome Bixby's The Man from Earth, 2007)

Synopsis :

Un professeur à l'aube de son départ dévoile sa véritable identité à ses amis: il est un immortel âgé de plus de 14 000 ans. Une révélation qui va remettre en cause toutes les croyances de son assistance...

Juste un mot : incroyable. Ce film américain indépendant à petit budget pourrait être considéré, avec 12 Hommes en colère, comme un des meilleurs huis-clos du cinéma. Ici, on est loin des histoires habituelles de la SF. Pas d'effets spéciaux, de décors futuristes, de combats interstellaires, non... nous avons une simple discussion entre plusieurs personnages, des professeurs d'université, livrant un débat dans une seule et unique pièce. Avec une crédibilité déconcertante, le scénario de Jerome Bixby (déjà connu par les fans de SF avec la série Star Trek) parvient à remettre en cause les théories scientifiques et historiques de ces chercheurs, s'échangent alors de nombreuses hypothèses sur la religion et l'histoire de l'humanité. The Man from Earth mérite le détour.

Silent Running (Douglas Trumbull, 1972)

Synopsis :

Dans le futur, la Terre n'a plus de ressources naturelles. La faune et la flore ne sont plus que des souvenirs lointains. A bord de la station « Valley Forge », une équipe de scientifiques cultivent des forêts. L'un d'eux, le botaniste Freeman Lowell, s'occupe des serres avec dévotion, en compagnie de droïdes. Mais un jour, la Terre ordonne l'arrêt et la destruction du programme. Lowell refuse. Desespéré, il tue les autres membres de l'équipage, et prend le contrôle de la station pour sauver les derniers espaces naturels de la Terre.

Cette fable écolo pourrait paraître quelque peu désuète, mais il est à voir pour plusieurs raisons : premièrement, le scénario est en partie écrit par un jeune Michael Cimino, futur réalisateur de Voyage au bout de l'enfer et de L'Année du dragon. Ce scénario possède des pointes de brio, notamment le monologue de Lowell qui s'acharne à faire comprendre à ses coéquipiers l'importance de la nature sur Terre. Deuxièmement, c'est Douglas Trumbull qui est à la réalisation. Visuellement, on reconnaît la patte de celui qui est reconnu aujourd'hui comme un des pères des effets spéciaux. Il fut notamment le directeur des effets visuels d'œuvres cultes comme 2001 : l'Odyssée de l'espace, Rencontres du troisième type ou Blade Runner. Et quand on a cela sur son CV, on peut être tranquille pour le reste de sa carrière.

Wargames (John Badham, 1983)

En pleine guerre froide, David Lightman, un jeune hacker, accède à distance sans le savoir à un programme informatique appartenant au NORAD, le réseau de défense militaire américain.

Lightman entre en communication avec le supercalculateur qui gère le système de défense, appelé WOPR (« War Operation Plan Response »), qui est programmé pour prédire les résultats possibles d'une guerre nucléaire. Croyant jouer à un jeu vidéo, il fait lancer une simulation de guerre nucléaire et manque de déclencher une guerre thermonucléaire globale contre l'URSS, faisant passer le niveau de sécurité américain à DEFCON 1, le prélude à la dévastation totale…

C'est un peu le Docteur Folamour version teenager. Ceux qui aiment le cinéma eighties, ce film est pour vous ! S'intéressant alors à une technologie informatique toute "naissante", ce film est devenu, comme Tron, une énorme référence pour tous les futurs nerds de la planète. On y parle pour la première fois de firewall, de piratage informatique et d'optimisation mathématique. Un film visionnaire ? Oui.

Hormis l'aspect purement informatique, John Badham interroge le public sur son sens moral dans le contexte qui régnait alors à la sortie du film, celui de la Guerre froide. Un film de divertissement, loin d'être bête et caricatural.

Mondwest (Westworld, Michael Crichton, 1973)

Synopsis :

En 1983, Delos est un parc d'attraction qui permet à ses visiteurs de se retrouver à l'époque de leur choix (romaine, médiévale ou conquête de l'Ouest), au milieu de robots presque humains. Et pour seulement 1000$ la journée !) ils se rendent dans le monde de leur choix et entrent dans la peau du personnage de leurs rêves. Mais le séjour des visiteurs ne va pas se dérouler exactement comme prévu; peu à peu, le centre de contrôle perd tout pouvoir sur les robots.

« L'avatar du western », selon les frères Coen. Michael Crichton est connu pour son roman Jurassic Park, mais bien avant l'écriture de celui-ci, il aborda les mêmes thématiques avec Mondwest, sauf que les dinosaures enragés sont remplacés par des robots déréglés. Le message est identique : pointer du doigt des gens crapuleux que la soif de pouvoir et d'argent amène à la destruction.

A cela s'ajoute l'interprétation froide et menaçante de Yul Brynner dans le rôle d'un robot fou. Il s'agit probablement du meilleur film de Michael Crichton et ce classique SF n'a pas fini de captiver le spectateur. Le film a eu le droit à une suite oubliable, Les Rescapés du futur (Futureworld) – d'une qualité moindre que son prédécesseur - et à de nombreux clins d'œil dans la culture pop, notamment dans la série Simpsons (Itchy et Scratchyland - saison 6).

Galaxy Quest (Dean Parisot, 1999)

Synopsis :

Les acteurs de la série Galaxy Quest sont, à présent, réduits à cachetonner de conventions de fans en happening publicitaire. Jusqu'au jour où une poignée de véritables extra-terrestres vient à la rencontre du commandant pour lui demander de les aider à se débarrasser d'un vilain despote. Des extra-terrestres carrément idiots et naïfs qui prennent les épisodes de la série pour des documentaires !

Bon ok... c'est une comédie, et alors ? On parle peu de ce petit film dans l'hexagone, mais Galaxy Quest est une véritable déclaration d'amour aux vieilles séries SF. Galaxy Quest est une parodie de Star Trek. Les poncifs du genre passent à la moulinette pour le grand plaisir des aficionados. Parmi les clichés, il y a le fameux acteur qui n'est là que pour mourir (interprété avec brio par Sam Rockwell). Rapidement, on identifie instinctivement le personnage joué par Tim Allen à celui incarné par William Shatner. Cela ne s'arrête pas au personnage de la série mais aussi dans la vie des acteurs tel que Alan Rickman interprétant un Leonard Nimoy qui en a sa claque qu'on le prenne pour l'extra-terrestre qu'il incarne. L'acteur avait écrit il y a plusieurs années un livre intitulé "I AM NOT SPOCK" avant de se rétracter plus tard avec un autre livre portant un titre contraire. Un humour quelque peu inaccessible pour le grand public, et c'est probablement la cause principale de son échec commercial. Dommage...

Rollerball (Norman Jewison, 1975)

Synopsis :

En 2018, les corporations se sont substitués aux hommes politiques, et les Etats ont été remplacés par six départements mondiaux : Énergie, Luxe, Alimentation, Logement, Communications et Transports. Grâce à cette organisation, tous les hommes jouissent d'un confort matériel inégalé. Mais une société en paix a besoin de purger les pulsions violentes de ses membres. C'est dans ce but qu'a été créé le rollerball, un sport très violent, à la fois mélange de hockey, de boxe, de football américain...

Jonathan E. est une véritable star mondiale. Craignant sa popularité, les organisateurs souhaitent sa retraite. Face à son refus, une lutte à mort s'organise pour le destituer.

Rollerball, c’est le type de film à message à savourer. Ici, le sous-texte est maîtrisé et sans lourdeur, et le message précis et efficace. Norman Jewison délivre une critique féroce de notre rapport à la violence, tout en mettant en avant le spectacle féroce du Rollerball, un mélange de roller derby, de football américain et de moto-cross. Suivant l'adage du « pain et des jeux », le film se veut être le miroir de notre époque où le pouvoir en place inonde le peuple de divertissements pour faire oublier leur condition sociale. Car le Rollerball est ici institué par l'élite comme un catalyseur, un instrument permettant le statu quo. Le tout avec une absence quasi-totale d’imagerie SF. A la différence de ces contemporains très tape-à-l'œil, le style est ici très dépouillé. Avec sa dimension politique et sociale, Rollerball est une véritable leçon de genre.

PS : il existe un remake de 2002, réalisé par John McTiernan. Oubliez-le !

Lef Dur

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